Les larvicides
En préambule, il est essentiel d'expliquer les raisons pour lesquelles les scientifiques basent la lutte contre les moustiques sur les larves.
Etant donné qu'à l’état de nymphe, les moustiques ne se nourrissent pas, il restait donc le stade larvaire sur lequel on pouvait agir. En effet, les larves se nourrissent sans discontinuer. Ainsi en ajoutant à l'eau une substance nocive, on peut détruire et limiter les populations de moustiques. Par ailleurs à ce stade, les insectes sont concentrés sur une zone, ils sont donc plus simple à localiser.
Les scientifiques avancent que la surveillance des larves est une composante essentielle dans un programme de veille et de contrôle du moustique. Cette veille permet de situer les sites et les saisons auxquelles les moustiques sont à tel ou tel endroit. Et lorsque les espèces ont été identifiées et dénombrées on peut alors déterminer les compositions et les densités des populations. On peut également définir la meilleure période pour l'application des études, et période de traitement, qu'ils soient chimiques, biologiques ou impliquant des actions comme le drainage. Cela aide à la prévision de la population adulte et à évaluer l'efficacité des traitements appliqués.
On peut aussi détecter des zones de pontes ignorées, si lors du traitement larvaire on constate une baisse de ces dernières mais pas de diminution des adultes.
Les scientifiques se doivent de se servir de différents larvicides pour éviter au maximum l'habituation des moustiques. En France on utilise particulièrement le BTI, BacillusThuringiensis serovar Israelensis.
Crée en 1990, il a constitué une révolution car il est très sélectif vis-à-vis de la larve. Il est fait à base de produits biologiques, de bactéries qui après ingestion endommagent le tube digestif des larves et les tuent. Malgré un phénomène d'habituation qui commence à s'installer, on peut considérer que le BTI possédant quatre toxines agissants sur quatre cibles différentes, reste efficient.
Cependant, les chercheurs affectés à la lutte des moustiques savent qu'ils doivent utiliser différents larvicides pour éviter au maximum l'habituation et la résistance aux produits. Aussi, un autre larvicide semble démontrer de bons résultats pour la démoustication : le Spinosad. D'origine totalement biologique, son mode d'action diffère du BTI. Mais point négatif, il est toxique pour les abeilles.
Claire Duchet, qui a décroché le prix Setac Europe 2011 et qui a rejoint l'EID de Montpellier a démontré l'efficacité du Spinosad lors d'une étude.
Pour démontrer cela, elle a concentré ses travaux sur l'étude des daphnies, qui sont des petits crustacés véritables bio-indicateurs. Ils sont aussi à la base de nombreuses chaînes alimentaires. En les observant, on mesure rapidement l'impact sur une population importante. En laboratoire, les daphnies soumises au spinosad ont démontré une baisse de la survie, fécondité et reproduction, alors qu'aucun effet n'a été vu lors du contact avec le BTI. Dans la nature, le constat fut sans appel, les daphnies meurent.
La technique larvicide est largement utilisée dans les régions marécageuses afin de freiner le développement des moustiques. Cette technique est compliquée dans le sens où les larves s'adaptent rapidement aux produits et parviennent à y résister. Les scientifiques doivent ainsi revoir leur copie très régulièrement. Par ailleurs, une seule solution chimique ne suffit pas à endiguer la problématique, il faut envisager la lutte de manière plus globale.
Ainsi, il est essentiel d'aménager les zones marécageuses notamment afin de restreindre les zones de ponte. Il faut drainer les sols, collecter les eaux usées, goudronner les routes, éliminer les décharges sauvages et le stockage à ciel ouvert. Cet ensemble contribue notamment à la lutte contre le moustique tigre, responsable du Chikungunya, cette espèce s'étant déplacée dans divers pays par le transport de vieux pneus.